Les produits laitiers ont-ils leur place dans une alimentation durable ?

2 juin 2022
Les produits laitiers ont-ils leur place dans une alimentation durable ?

Le récent rapport du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) [1] paru en mars 2022 ne laisse pas de doute possible, une adaptation globale de nos modes de vie mais aussi de consommation et de production est nécessaire.

A titre individuel, chacun peut agir et cela peut passer en partie par ce que l’on mange. Mais alors, comment adopter une alimentation plus durable ? et quelle place y ont nos produits laitiers ?

Répondre aux enjeux environnementaux et nutritionnels

Les experts de la commission EAT-Lancet [3] le précisent : la production alimentaire est l’une des causes du réchauffement climatique, responsable de 30% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, de 70% de l’utilisation de l’eau et d’une perte de la biodiversité continentale et marine [3]. Au niveau mondial, 49% des terres habitables sont utilisées pour l’agriculture [4].

Par ailleurs, la prévalence de la dénutrition, de l’obésité et des maladies liées à la malnutrition ne cesse d’augmenter et la population mondiale continue de croître, augmentant aussi la pression sur l’environnement et la santé mondiale [3]. Une personne sur trois souffre actuellement d’au moins une forme de malnutrition telle que la faim, un retard de croissance, une surcharge pondérale et/ou de l’obésité ainsi que des maladies non transmissibles (MNT) liées au régime alimentaire qui en découlent [2].

A titre individuel, nous pouvons tous contribuer à un changement positif grâce à ce que nous mangeons. Selon les estimations et en fonction des simulations de régimes alimentaires choisis, les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’alimentation pourraient être réduites à hauteur de 50 % [5,6].

 

Comment adopter un régime alimentaire durable ?

Pour adopter un régime alimentaire plus durable, il est préférable de privilégier des aliments ayant une forte densité nutritionnelle (intéressants pour leurs apports en micronutriments relatifs à l’apport énergétique), une faible empreinte environnementale, tout en étant abordables et culturellement acceptables. En pratique, cela passe, notamment par [2] :

  • Favoriser les aliments non transformés ou peu transformés, répartis de façon équilibrée entre les différents groupes d’aliments
  • Privilégier les légumineuses, le blé complet, les fruits à coque ainsi qu’une abondance et une variété de fruits et de légumes
  • Consommer des quantités modérées d’œufs, de produits laitiers, de volaille et de poisson ainsi que des petites quantités de viande rouge.
  • Privilégier l’eau potable comme boisson
  • Sélectionner les aliments adaptés en termes d’énergie et de nutriments destinés à la croissance et au développement ainsi que pour répondre aux besoins nécessaires pour mener une vie active et en bonne santé tout au long du cycle de vie.

Le régime flexitarien est un exemple de régime considéré comme durable. Il est riche en aliments d’origine végétale (fruits, légumes, légumineuses, noix, graines, céréales complètes), un apport moyen de 2 produits laitiers par jour (selon les recommandations nationales [8]) et des quantités modérées d’œufs, volaille, poisson [2,7]. La consommation des produits d’origine animale permet de couvrir les besoins nutritionnels non assurés par une alimentation totalement végétale (tels que la vitamine B12 ou le fer). Sur le plan de la santé, des études suggèrent que le régime flexitarien est bénéfique pour le contrôle du poids et la santé métabolique (réduction du risque de diabète de type 2 et de pression artérielle) par rapport au régime classique non végétarien [17].

Quelle place pour les produits laitiers ?

La consommation régulière de produits laitiers (2 portions par jour en moyenne) [8] permet de couvrir certains besoins nutritionnels (notamment protéines, calcium, zinc, potassium, vitamines B) [12].
Sur le plan environnemental, selon la FAO, le secteur laitier mondial contribue à 4 % des émissions mondiales de GES [14]. La production laitière permet l’exploitation de protéines végétales non utilisées par l’homme. La vache transforme des protéines végétales de moindre qualité et faible digestibilité, en protéines laitières (de plus haute qualité nutritionnelle). [13].

Selon les « principes directeurs pour des régimes alimentaires sains et durables» de la FAO et de l’OMS, une consommation de produits laitiers respectant les recommandations nutritionnelles, à savoir 2 produits laitiers par jour pour les adultes et 3 pour les enfants, adolescents et séniors, s’inscrit dans le cadre de régimes alimentaires durables et sains [2].

Ainsi, à raison de 2 portions en moyenne par jour pour l’adulte [8,15], les produits laitiers ont leur place dans un régime alimentaire durable, tel que peut l’être le régime flexitarien. Au-delà de la variété des produits, des goûts et textures pour une alimentation « plaisir » indispensable, ils apportent des protéines de bonne qualité (bonne digestibilité, riches en acides aminés essentiels), des minéraux (calcium, potassium, zinc…) et des vitamines qui viennent compléter les apports végétaux. Tout est une question d’équilibre et de variété.

Sodiaal Professionnel, à travers la diversité de son offre en lait, beurre, crème et fromage de coopérative française et son engagement dans les filières laitières de qualité, contribuent à une agriculture plus durable et une alimentation plus responsable.

Cela se traduit notamment dans la réduction de l’empreinte carbone de nos élevages à travers une démarche de progrès des pratiques d’élevage mise en place à travers la Route du Lait et un accompagnement auprès des éleveurs pour réduire de 20% leurs émissions de gaz à effet de serre, entre 2016 et 2025.

 

 

 

Références : |1] IPCC, 2022: Climate Change 2022: Impacts, Adaptation, and Vulnerability. Contribution of Working Group II to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change. Cambridge University Press. [2] FAO et OMS. 2020. Régimes alimentaires sains et durables – Principes directeurs. Rome. https://doi.org/10.4060/ca6640fr [3] Willett W, Rockström J, Loken B, et al. Food in the Anthropocene: the EAT–Lancet Commission on healthy diets from sustainable food systems. Lancet. 2019;393(10170):447-492. [4] Ritchie H, Roser M. 2019. Land Use. Our World Data. [5] Hallström E, Carlsson-Kanyama A, Börjesson P. Environmental impact of dietary change: a systematic review. J Clean Prod. 2015;91:1–11. [6] Aleksandrowicz L, Green R, Joy EJM, et al. The impacts of dietary change on greenhouse gas emissions, land use, water use, and health: a systematic review. PLoS One. 2016 Nov 3;11(11):e0165797. [7] Springmann M, Wiebe K, Mason-D’Croz D, et al. Health and nutritional aspects of sustainable diet strategies and their association with environmental impacts: a global modelling analysis with country-level detail. The Lancet Planetary Health. 2018. [8] PNNS [9] Poore J, Nemecek T. Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers. Science. 2018 Jun 1;360(6392):987-992. doi: 10.1126/science.aaq0216. Erratum in: Science. 2019 Feb 22;363(6429): PMID: 29853680. [10] Ridoutt BG, et al. The role of dairy foods in lower greenhouse gas emission and higher diet quality dietary patterns. Eur J Nutr. 2020 Avr 10. [11] Drewnowski A et al. Energy and nutrient density of foods in relation to their carbon footprint. Am J Clin Nutr. 2015 Jan;101(1):184-91. [12] Chen M, Pan A, Malik VS, Hu FB. Effects of dairy intake on body weight and fat: a meta-analysis of randomized controlled trials. Am J Clin Nutr. 2012 Oct;96(4):735-47. [13] van Hooijdonk T, Hettinga K, Dairy in a sustainable diet: a question of balance, Nutrition Reviews, 2015; 73 (1): 48–54 [14] FAO, 2010, Greenhouse Gas Emissions from the Dairy. Sector : A life Cycle Assessment, p.13. [15] INRAE, Vers un régime francais plus durable ? (infographie) [16] Payne CL, Scarborough P, Cobiac L. Do low-carbon-emission diets lead to higher nutritional quality and positive health outcomes? A systematic review of the literature. Public Health Nutr. 2016 Oct;19(14):2654-61. [17] Derbyshire ej. Flexitarian diets and health: a review of the evidence-based literature. 2018.